Il faut "travailler sur soi".
Ce qui t'arrive, tu l'as attiré.
C'est ton "petit moi" qui refuse d'accepter.
Demande à l'univers: il répondra.
Ces mantras, devenus emblèmes d'une spiritualité moderne, dissimulent une mécanique perverse: culpabiliser le souffrant, absoudre l'agresseur, et dissoudre le réel dans une brume mystique où la douleur devient suspecte, et le mal méconnaissable.
Une injonction infinie transforme la victime en chantier spirituel permanent.
Une négation de l'altérité fait du mal un simple miroir, et du bourreau une métaphore.
Une réduction du cri à l'ego sacralise le silence et pathologise la révolte.
Et cette étrange prière adressée à "l'univers" - non à un Dieu vivant - érige une entité vide à la place du coeur: elle ne répond pas... ou répond sans aimer.
Ce livre démonte les ressorts idéologiques d'une mystique moderne de l'effacement:
- la plainte, rendue honteuse,
- la douleur, interprétée comme leçon,
- le mal, requalifié en reflet énergétique.
Contre les dérives du développement personnel, du New Age et des traditions spirituelles recyclées en dogmes de bien-être, cet essai affirme une pensée incarnée, compatissante, indignée et relationnelle. Une pensée qui refuse de faire du coeur humain un chantier d'expérimentation perpétuel.
Une parole pour ceux qui souffrent, et qu'on voudrait faire taire au nom d'une paix intérieure factice.
Une réponse pour ceux que la lumière n'a pas protégés.
Le coeur de l'homme n'est pas un mirage.
Il saigne. Il parle. Il crie.
Il mérite d'être entendu.
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