Un clair matin de juin l' poque o les pr s ne sont pas encore fauch s, mais o les cerises m rissent d j . Le soleil qui vient de s' lancer au-dessus des massifs de la Tournette, crible de rayons la prairie, les vignes et les vergers qui d valent du village d'Angon vers le lac aux eaux bleues. Une gaie lumi re argente l'herbe onduleuse, glisse sur les feuilles lustr es des noyers, donne aux vignobles une verdure plus phosphorescente et aux cerises de plus vives rougeurs. Bien qu'on soit en semaine, des groupes de paysans en habits de travail fl nent au long des vergers qui s'avancent en pointe vers le lac. pars sur la rive ou attroup s l'ombre des noyers, tous ont les yeux fix s du c t du village dont on voit les toits bruns fumer parmi les arbres. Leurs regards observent curieusement une grande maison savoyarde, moiti ferme, moiti ch teau, qui dresse gauche du chemin ses grises tourelles carr es, et abrite de sa toiture en auvent une galerie balustres dont les piliers s'enguirlandent de plantes grimpantes. Les crois es de ce logis d'honn te apparence sont fleuries de g raniums cramoisis et s'ouvrent toutes sur le paysage du lac. Un large escalier de pierre met la galerie en communication avec les all es du verger, et sur cet escalier para t un jeune gar on svelte et alerte. Il descend lestement les marches. sa vue, une rumeur se produit dans les groupes...