Zedjiga, la femme de Kader est fouineuse de nature. Aigrie par sa silhouette cadav rique et la p leur de son teint, sa mine d'enfant effray , ses yeux mena ant ressemblent deux balles d'un revolver pr t vous transpercer. Le visage d charn , les traits tir s et les muscles tendus, nous renvoient un portrait d'un personnage curieux et plein de malice. Pourtant, derri re ce cadavre ambulant se dissimule une jalousie maladive qui la consume secr tement, petit feu. Elle fait partie de ces individus qui vivent int rieurement une douleur insoutenable et qui s'efforcent constamment de faire bonne mine contre mauvaise fortune.Cette femme, au fond, ressemble un volcan pr t tout moment entrer en irruption. La moindre parole mal interpr t e peut mettre le feu aux poudres et provoquer une explosion aux cons quences incontr lables. Elle est belliqueuse sans pour autant aller jusqu' agresser son interlocuteur. Elle est du genre col rique. Il suffit pour cela, d'un pr texte aussi fallacieux pour qu'elle ait maille partir avec n'importe qui y compris des personnes trang res .C'est du reste, cet instant pr cis que l'on peut se rendre compte de la complexit du personnage, de son caract re grincheux, belliqueux, vasif la limite du d sordre psychologique. Renferm e, elle l'est, malgr l'apparence affich e d'une personne extravertie. Elle est plut t d'un genre tr s r serv dans son expression, m me s'il lui arrivait souvent d'entrer dans une logorrh e interminable. Cette dame, en un mot, cache tr s mal son complexe de femme grossi rement fa onn e par la g n tique. Elle en est m me frustr e au plus haut niveau. En un mot elle est moche et pourrait m me illustrer la couverture d'un livre traitant de la d formation psychologique cons quence d'une malformation physique. En fait, dans la r alit , en l'observant jour apr s jour dans ses occupations et actes quotidiens, on se rendrait compte de la nature de la strat gie qui l'anime int rieurement. A la longue, on finit par d couvrir avec une vidence frappante que dans ce menu corps fragile et derri re ce regard d'enfant apeur se cache le diable en personne.Et pour cause rien ne pouvait lui chapper Elle avait remarqu que ces trois derniers mois, sa belle soeur Ourida n'a pas eu ses r gles et qui plus est, elle ne s'est m me pas plainte de ses douleurs au ventre comme elle avait l'habitude de le faire presque de fa on ostentatoire pour satisfaire un peu son besoin refoul d'ext riorisation. Zedjiga est mari e mais elle n'a pas encore d'enfants. Elle passait son temps pier Ourida au moindre cart. Elle en avait fait son passe-temps favori. Une occupation qui lui permettait de surmonter ses moments d'isolement spirituel, de stress et de monotonie. Un d viatif l nifiant pour cette femme dont les loisirs se r duisent aux actes d'accouplement routiniers nocturnes et dont le destin a fait au m me titre que ces femmes des montagnes kabyles des machines procr er. Voil une occasion inesp r e, se dit-elle au fond d'elle-m me, pour aller la d noncer sa belle m me. Elle en tait mortellement jalouse, une occasion d'or pour elle de mettre toute la verve et la joie dans son entreprise de d nonciation contre son ennemie intime . Une occasion aussi de prendre le dessus sur cette rivale inv t r e qui ne lui avait laiss aucune chance d' tre regard e encore moins admir e dans son entourage familial. Elle lui faisait de l'ombre comme on dit. Quant esp rer largir son horizon dans cet environnement humain des Agroum, des quartiers de villages kabyles, autant dire que cela tait du domaine de l'impossible. La rue, dans ces villages perdus dans l'histoire tait, est, et sans doute demeurera encore pendant des si cles la chasse gard e du sexe fort. Elle ne pouvait donc attendre un regard ou un sourire provenant d'un inconnu dans cette foule dont elle
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