" Le train courait toute vapeur sur la ligne de Rouen, nous avions d pass Amiens; il tait alors minuit environ. Soldats du 20e chasseurs pied, apr s un mois de s jour Boulogne, o se trouvait le d p t, nous allions l'arm e de la Loire rejoindre notre corps. Nous tions l , press s les uns contre les autres, dans ces wagons de troisi me classe aux compartiments anguleux, trop troits, qu'encombraient encore nos nombreux objets d' quipement militaire. Chacun s' tait log un peu au hasard, comme il avait pu. La ga t du reste n'avait pas manqu le long de la route; c' taient des rires sans fin, des jeux de mots, des plaisanteries dont les Prussiens avaient la bonne part; on entonnait en choeur des chants patriotiques, les voix se r pondaient d'un wagon l'autre, et, quand nous passions dans les gares, nos clairons par les porti res all grement sonnaient la charge. Cependant, la nuit venue, toute cette effervescence du d part s' tait un peu calm e; le moins exigeant e t bien voulu dormir. Pour moi, en montant dans le train, s par de mon escouade, je n'avais pu retrouver qu'un de mes amis, Paul V..., autre engag volontaire..."