S'il est un domaine de la conscience plan taire sur lequel se r alise le consensus, de l'extr me gauche la d mocratie chr tienne, c'est bien celui de poursuivre d'une haine inextinguible les id es qui inspir rent la croisade des fascismes. Il n'est pas jusqu'aux coles de pens e r sistant encore au "politiquement correct" (traditionalisme catholique, royalisme maurrassien, l gitimisme) qui ne condamnent avec la derni re violence le corpus doctrinal des grands vaincus de 1945 d terminisme naturaliste, mat rialisme biologique, panth isme, gnosticisme, immanentisme subjectiviste, destruction de la famille, offenses la dignit de la personne et son Cr ateur, hypertrophie de l' tat, tels sont, parmi d'autres, les griefs qu'on leur fait, assortis d'injures et d'accusations controuv es. Il n'est pas tonnant que la prog niture id ologique de 1789 ait besoin de r actualiser sans cesse un mal absolu hypostasi , afin de r ussir n gativement l'unit que ses d lires ne peuvent positivement lui valoir.
Il est plus singulier de constater que les tenants de l'extr me droite traditionnelle, aussi divis s aujourd'hui qu' l' poque de leur prosp rit , acceptent sans vergogne le r le de censeurs suppl tifs de la B te immonde alors que cette derni re, seule, e t pu pr venir le d clin r dhibitoire de leurs principes et de leurs esp rances. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale (peut-on, au reste, parler de "fin" ?), on a quand m me connu, aussi courageux que rares, quelques plaidoyers fascistes d'inspiration philosophique diff rente de celle de leurs adversaires droitiers.
L'originalit du pr sent ouvrage est de s'alimenter aux principes m mes, catholiques et intellectualistes, au nom desquels la Droite a coutume d'anath matiser le fascisme. L'Antifascisme vertueux des traditionalistes bien-pensants se r v le tre -- horresco referens -- le fourrier de la d mocratie chr tienne. La croisade des fascismes fut l'expression, la fois interrompue et en partie d voy e, de ce dont la Monarchie aurait eu besoin pour ne point sombrer. Plus que de la malignit des m chants, l'ordre europ en d'Ancien R gime est mort de son inach vement doctrinal, c'est- -dire de ses contradictions non surmont es. Plus qu' l'hostilit f roce de la Subversion, le fascisme doit son chec la pusillanimit , l'ind cision, l'hostilit molle des conservateurs qui, par ces travers, pr par rent leur propre liquidation. Telle est la th se ici d velopp e, dans une argumentation plus doctrinale qu'historique.
Aussi longtemps qu'une telle th se n'aura pas t dig r e par la Droite de conviction, aucune tentative politique d'enrayement de la d cadence europ enne ne parviendra ses fins.